Nouvelles excitantes des essais cliniques de Vertex sur la thérapie à base de cellules souches

La thérapie à base de cellules souches est un domaine important de la recherche sur les traitements curatifs du DT1. L’objectif de cette thérapie est d’utiliser les cellules souches comme source renouvelable de cellules productrices d’insuline qui, une fois transplantées, remplaceraient les cellules bêta détruites chez une personne atteinte du DT1, lui permettant ainsi de produire à nouveau de l’insuline. Cela permettrait de réduire ou d’éliminer la quantité d’insuline externe nécessaire à une personne atteinte du DT1 (par injection, stylo ou pompe) pendant des mois, voire des décennies.

En février 2021, Vertex a annoncé le lancement d’un essai clinique pour le VX-880, une thérapie dérivée de cellules souches pour les personnes atteintes de DT1. Le VX-880 est administré par perfusion dans la veine porte hépatique (foie) et nécessite l’utilisation d’un traitement immunosuppresseur chronique pour protéger les cellules contre le rejet ou l’attaque immunitaire. 


MISE À JOUR – Juin 2023

Essai clinique sur le VX-880, phase 1/2, partie B :  

Six patients ont reçu des doses complètes de VX-880 à des moments échelonnés au cours de la dernière année et demie. Avant le traitement, tous les patients présentaient un peptide C indétectable à jeun (c’est-à-dire pas d’insuline autosécrétée ou produite par l’organisme), des antécédents d’événements hypoglycémiques graves récurrents au cours de l’année précédant le traitement et nécessitaient en moyenne 34,0 unités d’insuline par jour. 

Après le traitement, les six patients sécrètent eux-mêmes de l’insuline, leur taux d’HbA1c s’est amélioré, le temps dans la cible sur la surveillance du glucose en continu s’est amélioré et ils ont réduit ou éliminé l’utilisation d’insuline exogène (c’est-à-dire l’insuline administrée de l’extérieur par stylo, pompe ou injections quotidiennes multiples). Les patients ayant bénéficié d’un suivi de plus de 90 jours ont également éliminé les événements hypoglycémiques graves. Deux des six patients ont terminé leur traitement depuis au moins 12 mois et sont actuellement indépendants de l’insuline, avec des taux d’HbA1c « normaux » (≤6,0 %) et des niveaux de temps dans la cible supérieurs à 95 %.  

Le VX-880 a été bien toléré et n’a entraîné que des effets indésirables légers et modérés, tels que déshydratation, diarrhée, hypomagnésémie et éruption cutanée. 

Sur la base des résultats de ces données de sécurité et d’efficacité dans la partie B, le comité indépendant d’examen des données a recommandé de passer à la partie C de l’essai, qui permet d’administrer simultanément aux patients la dose cible complète de VX-880. Environ dix participants seront recrutés pour cette phase de l’essai clinique à Edmonton, Montréal, Toronto et Vancouver. Pour plus d’information, veuillez consulter ClinicalTrials.gov ou le site Web de Vertex.  

Essai clinique sur le VX-264, phase 1/2 :  

Ce traitement utilisera la même thérapie cellulaire que le VX-880 mais encapsulera les cellules dans un dispositif conçu pour protéger les cellules du système immunitaire du corps. Par conséquent, on ne s’attend pas à ce que l’immunosuppression soit nécessaire. Le recrutement est actuellement en cours à Edmonton. Pour plus d’information, veuillez consulter ClinicalTrials.gov ou le site Web de Vertex.  

Vertex s’associe à Lonza (Suisse) pour construire une installation de fabrication dédiée aux thérapies cellulaires pour le DT1 

Vertex et Lonza s’associeront pour le développement et la mise à l’échelle des processus de fabrication du portefeuille de produits VX-880 et VX-264 et co-investiront dans la construction d’une nouvelle installation dédiée à Portsmouth, dans le New Hampshire. Exploitée par Lonza, l’installation s’étendra sur plus de 130 000 pieds carrés et devrait créer jusqu’à 300 nouveaux emplois au maximum de sa capacité. Les travaux de construction devraient débuter dans le courant de l’année. Pour plus d’information, veuillez consulter le communiqué de presse complet ici.


Essai clinique sur le VX-880, phase 1/2, partie A : 

Le 18 octobre 2021, la société a annoncé que le premier participant à l’essai à recevoir le VX-880 a maintenant besoin de 91 % moins d’insuline 90 jours après avoir reçu une perfusion de ces cellules souches – et ce, à la moitié de la dose cible.

Le succès constaté avec seulement la moitié de la dose cible est encourageant car il suggère qu’un niveau plus faible de cette thérapie peut encore donner des résultats positifs.

Il convient toutefois de rester prudent, car ce résultat n’a été démontré jusqu’à présent que chez un seul individu.

Comment le succès de cet essai clinique est-il mesuré ?

Le VX-880 est testé chez des personnes atteintes du DT1 qui souffrent d’hypoglycémie sévère et dont la conscience de l’hypoglycémie est altérée. Le traitement nécessite une immunosuppression, car les cellules transplantées ne bénéficient d’aucune protection contre le système immunitaire. Cette exigence limite la population de patients qui peuvent être recrutés dans l’essai.

L’objectif principal de cet essai de phase 1/2 est d’évaluer la sécurité, mais l’efficacité sera également mesurée. Vertex évalue l’efficacité en mesurant quelques paramètres clés. Cela inclut la mesure des niveaux de peptide C, un marqueur qui indique directement la production d’insuline par les cellules bêta. Le participant à cette étude n’avait pas du tout de peptide C détectable avant la perfusion. 90 jours après la perfusion des cellules VX-880, le participant présentait à la fois un taux de C-peptide à jeun et un taux de C-peptide stimulé, ce qui indique directement la présence d’une sécrétion d’insuline basale et répondant au glucose. En d’autres termes, la personne fabriquait une partie de sa propre insuline.

Le traitement au VX-880 a également entraîné une réduction significative du taux d’HbA1c, passant de 8,6 % à 7,2 % sans événements hypoglycémiques graves. Ce qui est encore plus impressionnant, c’est que cette baisse de l’HbA1c a été obtenue avec une réduction quotidienne de 91% de l’administration d’insuline.

L’étude a également démontré la sécurité du patient, puisque pendant les 90 premiers jours, le participant n’a subi aucun événement indésirable grave considérer comme lié au VX-880. Ceci est important car les médicaments immunosuppresseurs ont des effets secondaires potentiels.

Le rôle de FRDJ

La participation de FRDJ remonte à 2000, lorsque Douglas Melton, Ph.D., a obtenu une subvention de FRDJ pour fabriquer des cellules bêta productrices d’insuline à partir de cellules souches, ce qu’il a fait en 2014.

Depuis lors :

  • En 2015, le docteur Melton a fondé Semma Therapeutics afin de transformer ces cellules souches en thérapies curatives pour le DT1.
  • En 2017, le fonds DT1 de FRDJ (lien en anglais seulement) a fait un investissement important dans Semma.
  • En 2019, Vertex a acquis Semma pour près d’un milliard de dollars américains.
  • En mars 2021, le VX-880 a reçu la désignation de procédure accélérée de la part de la Food and Drug Administration (FDA) américaine.

À l’échelle mondiale, FRDJ a accordé la priorité à la thérapie à base de cellules souches en tant que thérapie curative potentielle et continuera d’étudier et de financer les recherches les plus prometteuses.

Qu’est-ce que cela signifie pour les Canadiens atteints du DT1 ?

Pour que le VX-880 soit largement accessible aux personnes atteintes du DT1, le produit cellulaire doit à la fois être efficace et fonctionner sans ou avec des traitements immunosuppresseurs minimaux.

La prochaine étape est l’autorisation d’effectuer des essais cliniques qui pourraient éliminer le besoin d’immunosuppresseurs.

Entre-temps, Vertex poursuivra son essai clinique pour les personnes atteintes du DT1 qui souffrent d’hypoglycémie sévère et procède actuellement au recrutement dans plusieurs sites aux États-Unis.

FRDJ Canada continuera de surveiller les résultats et de fournir des mises à jour dès qu’ils seront rendus publics.

Le premier essai de vaccin contre le virus Coxsackie B chez l’homme a produit des résultats positifs

Qu’est-ce que le virus Coxsackie B et quel est son rapport avec le diabète ?

FRDJ s’engage à financer les recherches les plus prometteuses pour trouver des traitements curatifs du diabète et mieux comprendre les mécanismes de la maladie. L’un des défis les plus importants pour prévenir ou traiter le diabète de type 1 (DT1) réside dans le fait que nous ne connaissons pas encore ses causes.

Certaines théories avancent qu’une infection virale pourrait être en partie responsable du déclenchement du DT1. Cela signifie qu’un virus banal peut déclencher une réponse auto-immune dans le corps qui entraîne la destruction des cellules bêta responsables de la production d’insuline. Il s’agit d’un morceau du puzzle général du DT1, avec certains biomarqueurs (que l’on peut dépister) rendant une personne plus susceptible d’avoir cette réponse auto-immune à cause d’un virus. Mais si nous pouvons empêcher le virus de se manifester en premier lieu, nous pourrons peut-être réduire le nombre de nouveaux diagnostics.

Le principal virus soupçonné d’être une cause potentielle du DT1 est le coxsackie B – une infection courante qui, dans la plupart des cas, est asymptomatique ou présente des symptômes légers. Dans de rares cas, elle peut entraîner une méningite virale, une infection du cœur ou du cerveau, ainsi que la maladie mains-pieds-bouche.

Un vaccin potentiel

Présentement, il n’existe pas de vaccin contre le coxsackie B. Cela dit, il y a un an, l’entreprise Provention Bio a commencé un essai clinique pour tester un vaccin qu’ils ont mis au point contre l’infection coxsackie. (Pour la version française – Veuillez prendre note que ces liens ne sont disponibles qu’en anglais).

Cet essai constituait la première étude sur l’homme d’un vaccin contre le coxsackie B, connu sous le nom de PRV-101, et les résultats intermédiaires sont positifs. Non seulement le vaccin a été bien toléré par les participants à l’essai (faible incidence d’effets secondaires), mais il a induit des concentrations élevées d’anticorps anti-coxsackie B – ce qui signifie que toute personne exposée au virus aurait les moyens de combattre l’infection avant qu’elle ne se manifeste et d’empêcher le déclenchement de la réponse auto-immune susceptible de provoquer le DT1.

Quel est le rôle de FRDJ dans la mise au point de ce vaccin ?

Depuis la fin des années 1970, FRDJ finance à l’échelle internationale la recherche visant à comprendre les virus qui peuvent mener au développement du DT1. Cette recherche a montré que plusieurs virus répandus peuvent attaquer les cellules des îlots de Langerhans et provoquer des symptômes ressemblant au diabète.

En 1994, FRDJ a financé une bourse postdoctorale pour Heikki Hyöty, M.D., Ph.D., qui travaillait dans le laboratoire de Michael Knip, M.D., Ph.D. Le titre du projet : « The Role of Coxsackie B and Other Enteroviruses in the Pathogenesis of Insulin-Dependent Diabetes Mellitus». Il a ensuite démontré que les entérovirus (dont le coxsackie B fait partie) sont les principaux responsables du développement du DT1.

Depuis cette découverte, FRDJ a financé le Dr Hyöty avec plus de 10 subventions et le Dr Knip avec plus de 20 subventions depuis 1997.

En 2001, Hyöty et Knip ont cofondé Vactech qui a mis au point le vaccin PRV-01 et en ont cédé le brevet à Provention Bio en 2017.

En 2017, Provention Bio a obtenu un financement des Fonds DT1 de FRDJ  pour faire avancer le vaccin contre le coxsackie B vers des essais cliniques, et ces essais ont commencé en décembre 2020.

Que signifie cette étude pour les personnes atteintes de DT1 ?

Les résultats publiés de cette étude étaient préliminaires ; les résultats définitifs arriveront en 2022. Si les résultats finaux restent prometteurs, la prochaine étape consistera à mettre le vaccin à la disposition de la population, idéalement pour réduire l’incidence des diagnostics de DT1 chez les enfants.

Il s’agit d’une très bonne nouvelle qui pourrait se révéler un outil incroyablement utile pour prévenir l’apparition du DT1 à l’aide d’un simple vaccin.