Le CUSM désigné premier établissement provincial pour les greffes d’îlots de Langerhans chez les patients atteints de diabète de type 1

FRDJ félicite le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) pour son récent mandat visant à fournir une transplantation d’îlots pancréatiques aux personnes atteintes de DT1 au Québec. Cette désignation par le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec reconnaît les équipes cliniques et de recherche au CUSM pour leur leadership et dévouement dans le domaine de la transplantation d’îlots pancréatiques. La désignation du CUSM, l’un parmi seulement une douzaine de centres de traitement en Amérique du Nord ayant la capacité d’effectuer une transplantation d’îlots, signifie aussi qu’il sera en mesure d’améliorer l’accès à ses services et de traiter un plus grand nombre de personnes.   

La stratégie de recherche de FRDJ à l’échelle mondiale met l’accent sur le financement des recherches les plus susceptibles d’accélérer le développement et l’offre de traitements pour le diabète de type 1 (DT1), ainsi que d’améliorer la vie des personnes atteintes de DT1. Les traitements par thérapie cellulaire en particulier offrent beaucoup de possibilités, car ils pourraient devenir une option thérapeutique valable menant à l’indépendance insulinique. FRDJ s’engage à financer des recherches pour rendre les thérapies cellulaires sécuritaires et plus accessibles pour les personnes atteintes de DT1. FRDJ est fière de soutenir en continu le développement de thérapies cellulaires depuis des décennies. Il y a plus de 20 ans, FRDJ a financé à la fois le responsable de l’équipe et les essais précliniques qui ont donné lieu au Protocole d’Edmonton, lequel a révolutionné la procédure de transplantation d’îlots pancréatiques. FRDJ soutient aujourd’hui de nombreux projets de recherche sur les thérapies cellulaires, notamment en poursuivant les recherches visant à perfectionner la transplantation d’îlots.  

À l’heure actuelle, le remplacement des îlots endommagés est le seul traitement dont la capacité à permettre aux personnes atteintes de DT1 d’atteindre l’indépendance insulinique est cliniquement prouvée. Même dans les cas où l’indépendance à l’insuline n’est pas obtenue, la transplantation d’îlots pancréatiques peut changer la vie des personnes atteintes de DT1 qui par exemple, subissent de graves épisodes d’hypoglycémie et d’hypoglycémie asymptomatique. Le traitement est peu invasif et comporte beaucoup moins de risques que la transplantation d’un pancréas.   

Toutefois, des obstacles pour rendre la thérapie de remplacement des îlots pancréatiques plus efficace et accessible demeurent. La transplantation d’îlots pancréatiques provenant d’un donneur requiert du receveur de prendre des médicaments immunosuppresseurs à vie, lesquels entraînent des risques et des effets secondaires. De plus, la source d’approvisionnement d’îlots provenant de donneurs est limitée, ce qui restreint le nombre de personnes qui peuvent recevoir ce traitement. Timothy Kieffer, Ph. D., chercheur de FRDJ et l’un des nombreux chercheurs financés par FRDJ, examine des moyens de surmonter ces limitations par l’entremise de l’édition génomique et de technologies de cellules souches. D’autres facteurs, dont l’apport insuffisant de sang aux îlots transplantés, peuvent aussi nuire au succès des transplantations d’îlots. Le travail financé par FRDJ au laboratoire de bio-ingénierie du Dr Michael Sefton explore des solutions à ce problème. Les receveurs peuvent aussi avoir besoin d’infusions d’îlots additionnelles dans les années après le traitement initial afin de maintenir l’indépendance à l’insuline, car les îlots transplantés peuvent ne pas être une solution à long terme. Donc, bien que la recherche et les essais cliniques en cours soient prometteurs, plusieurs obstacles doivent être surmontés pour que la thérapie de remplacement des îlots pancréatiques soit largement accessible aux personnes atteintes de DT1.  

La recherche au CUSM explore également des façons de surmonter ces défis dans la transplantation d’îlots pancréatiques. L’équipe du CUSM est dirigée par le Dr Steven Paraskevas, chirurgien transplantologue, chercheur et professeur de chirurgie à McGill. En plus de ses fonctions de directeur du laboratoire de transplantation d’îlots pancréatiques humains, il est le directeur des transplantations de pancréas et d’îlots pancréatiques à l’Hôpital Royal Victoria et ancien président de la Société canadienne de transplantation. Sa recherche porte sur les lésions et la survie des cellules bêta, de même que sur la façon dont les lésions des cellules bêta stimulent le système immunitaire. Comprendre les lésions des cellules bêta est crucial pour trouver un moyen d’assurer que les îlots transplantés survivent plus longtemps et mieux, et de réduire le besoin de transfusions additionnelles. De tels travaux de recherche sont essentiels pour approfondir les connaissances et favoriser l’accroissement des possibilités de thérapies de remplacement d’îlots pancréatiques dans le futur, car les essais cliniques en sont encore à des stades relativement précoces.  

Le CUSM est aussi un site de collaboration, avec des partenaires de l’industrie de même qu’avec d’autres équipes de scientifiques. Le CUSM est actuellement le site d’un essai clinique mené conjointement avec Vertex Pharmaceuticals. Vertex mène un essai clinique sur le produit VX-880, un nouveau traitement issu de cellules souches pour le DT1, à plusieurs sites en Amérique du Nord (parmi lesquels le CUSM fut le premier site canadien, et Toronto étant actuellement en mode de recrutement de participants également). Le produit VX-880 a recours à des îlots pancréatiques dérivés de cultures de cellules souches plutôt que de pancréas provenant de donneurs. En utilisant les îlots dérivés de cellules souches, le VX-880 pourrait rendre la transplantation d’îlots pancréatiques et l’indépendance à l’insuline accessibles à un plus grand nombre de personnes, si l’essai clinique de Vertex parvient à démontrer son innocuité et efficacité. L’essai clinique est toujours en cours, mais les premiers résultats des sites aux États-Unis sont prometteurs. Les patients qui ont reçu le VX-880 jusqu’à présent ont montré une amélioration du temps passé dans la cible glycémique avec moins d’injections d’insuline.   

Le CUSM soutient aussi la recherche en étant le foyer du laboratoire de transplantation d’îlots pancréatiques humains du Centre universitaire de santé McGill, lequel purifie les cellules des îlots pancréatiques de pancréas provenant de donneurs. Ces cellules peuvent ensuite être transplantées chez des patients et utilisées dans la recherche pour approfondir nos connaissances sur la biologie des îlots pancréatiques et la pathogénie du diabète. La désignation du CUSM à titre de centre provincial pour la transplantation d’îlots pancréatiques permettra d’assurer que le développement de traitements par thérapie cellulaire se poursuive.   

L’essai de Vertex recrute actuellement des participants atteints de DT1 pour ses essais cliniques à Montréal et à Toronto. Pour vérifier votre admissibilité, cliquez ici.

Tricia Tang, Ph. D., reçoit une bourse de financement dans le cadre du partenariat FRDJ-Fondation Michael-Smith pour la recherche en santé

Cette bourse permettra à madame Tang d’élargir son programme pilote REACHOUT, conçu pour offrir un meilleur soutien en santé mentale aux personnes qui vivent avec le diabète de type 1 en Colombie-Britannique.

FRDJ Canada est ravie de s’associer à la Fondation Michael Smith pour la recherche en santé en Colombie-Britannique pour décerner à la chercheuse sur le diabète de type 1 (DT1), la professeure Tricia Tang, une bourse de professionnel de la santé-chercheur émérite (PS-C).

L’un des principaux objectifs de FRDJ est d’améliorer les résultats en matière de santé mentale pour les personnes qui vivent avec le diabète de type 1 (DT1). Cela consiste en partie à créer des partenariats de recherche qui contribuent à étendre nos retombées et à les renforcer pour combler les lacunes dans les soins de santé mentale au Canada pour les personnes atteintes de DT1.

Dans le cadre de son objectif visant à accroître la capacité de recherche canadienne sur la santé mentale et le DT1, FRDJ s’est associée à la Fondation Michael-Smith pour la recherche en santé, l’agence de recherche en santé de la Colombie-Britannique, afin d’offrir une aide salariale à un chercheur travaillant dans le domaine du DT1 par l’entremise de son programme de bourses de PS-C. La Fondation pour la recherche en santé en Colombie-Britannique inspire et connecte des esprits curieux, créatifs et passionnés pour stimuler la découverte et l’innovation pour une meilleure santé et de meilleurs soins de santé.

La collaboration est essentielle pour les deux organisations, car le partenariat aide à soutenir l’excellence dans la recherche en santé, comme l’octroi de bourses à des chercheurs émérites comme la professeure Tang, et à développer les talents de recherche et l’innovation nécessaires.

Le programme de bourses de PS-C aide à combler le fossé entre la recherche en santé et sa mise en œuvre pour améliorer les soins de santé. Les bourses de PS-C aident les professionnels de la santé qui participent activement aux soins des patients à mener et à mettre en pratique des recherches pertinentes pour la santé et (ou) le système de santé afin d’améliorer les résultats en matière de santé en Colombie-Britannique et au-delà.

La Fondation pour la recherche en santé en Colombie-Britannique est ravie que FRDJ s’associe à elle pour cofinancer la bourse de PS-C de madame Tang. Nous valorisons les partenariats solides qui font partie intégrante de la promotion de la recherche en santé de classe mondiale en Colombie-Britannique. « Le cofinancement de la bourse de la professeure Tang est particulièrement intéressant, car ses recherches visent à aborder l’accès au soutien en santé mentale pour les personnes atteintes de DT1 qui vivent dans des communautés rurales et éloignées », explique la Dre Danielle Lavallee, vice-présidente de la recherche à la Fondation pour la recherche en santé en Colombie-Britannique.

Ces bourses uniques permettent aux cliniciens de se consacrer à la recherche et elles sont, par conséquent, hautement concurrentielles. Ces bourses renforcent la capacité de recherche, un objectif de la stratégie de santé mentale de FRDJ, en aidant des cliniciens établis à mener et à développer des recherches importantes. En recevant cette aide salariale, la professeure Tang peut consacrer plus de temps et d’énergie à ses recherches.

Tricia Tang, Ph. D.

Tricia Tang est professeure agrégée au département de médecine, division d’endocrinologie de la Faculté de médecine de l’Université de la Colombie-Britannique. Elle est également spécialiste du comportement et psychologue clinicienne agréée, avec une expertise dans la recherche sur le diabète chez les populations à haut risque et médicalement mal desservies. Au cours des 22 dernières années, elle s’est concentrée sur le développement, la mise en œuvre et l’évaluation de modèles de soutien par les pairs durables et peu coûteux pour améliorer les résultats de santé à long terme liés au diabète.

Vivre avec le DT1 suppose un équilibre constant entre la mesure de la glycémie et l’administration d’insuline pour aider à éviter les épisodes d’hypo- et d’hyperglycémie et savoir qu’il existe une myriade de complications potentielles liées au diabète, y compris la cécité, les maladies rénales, l’amputation et même la mort, et, bien que la santé physique soit souvent traitée chez les personnes atteintes de DT1, ce n’est souvent pas le cas pour la santé mentale et émotionnelle.

On sait également que les personnes qui vivent avec le DT1 sont plus exposées au risque de développer des problèmes de santé mentale, y compris de l’anxiété chronique et des troubles de l’alimentation. Parmi les différentes luttes psychosociales que vivent les patients atteints de la maladie, la détresse liée au diabète, et non la dépression, est la plus fortement associée à un mauvais contrôle glycémique.

Nous parlons de détresse liée au diabète lorsque les personnes atteintes de DT1 éprouvent une gamme complexe d’émotions négatives, comme le stress, la culpabilité ou le déni, qui résultent du fait de vivre avec une maladie chronique et avec le fardeau souvent lourd de son autogestion.

En Colombie-Britannique, l’assurance-maladie provinciale ne rembourse pas les services psychologiques; il est donc fréquent qu’une personne ayant besoin d’un soutien en santé mentale n’ait pas les moyens de consulter un conseiller ou de trouver un fournisseur de soins qualifié dans sa communauté. Ajoutez à cela les coûts supplémentaires associés à la vie avec le DT1 (pour les appareils, l’insuline), et les besoins en matière de santé mentale ne peuvent alors tout simplement pas être satisfaits. Madame Tang cherche à utiliser des stratégies de santé numériques et des modèles de soutien par les pairs pour combler cette lacune en matière de soins de santé.

Les recherches de madame Tang ont comme objectif de concevoir et d’évaluer une plateforme de soins virtuels (REACHOUT) pour des pairs aidants hautement qualifiés afin d’offrir un soutien psychosocial aux adultes atteints de DT1 qui vivent dans les communautés rurales et éloignées de l’intérieur de la Colombie-Britannique.

« La plateforme REACHOUT utilise la technologie pour apporter un soutien direct en santé mentale durable et peu coûteux aux adultes atteints de DT1. Ce modèle de santé numérique augmentera la disponibilité, l’abordabilité et l’accessibilité du soutien en santé mentale, en particulier pour les communautés médicalement mal desservies et géographiquement marginalisées. Grâce à la bourse de PS-C, j’ai la possibilité de transformer le paysage des soins de santé mentale pour la communauté du DT1 en Colombie-Britannique », explique madame Tang.

La plateforme REACHOUT se veut très innovante et hautement personnalisée. Le soutien est fourni par des pairs aidants qui ont également souffert de détresse liée au diabète et de dépression, qui sont âgés de 19 à 90 ans et sont issus de divers milieux, qui sont à différentes étapes de la vie, et qui présentent un large éventail d’expériences de vie.

Les participants peuvent choisir avec qui ils souhaitent s’associer en fonction de la personne qui, selon eux, répondra le mieux à leurs besoins uniques de soutien à ce moment précis de leur vie. La sélection peut donc changer; si, par exemple, une participante tombe enceinte et veut être jumelée avec une femme atteinte de DT1 et qui a déjà vécu une grossesse, elle peut changer. La professeure Tang décrit la plateforme REACHOUT comme étant un modèle de soutien de précision dans lequel les participants déterminent eux-mêmes le type de soutien qu’ils souhaitent obtenir, à quelle fréquence et qui le leur apportera.

La plateforme REACHOUT vise à sortir de la pensée rigide et plus traditionnelle pour associer aux participants les personnes qui leur conviendront parfaitement. Ce modèle virtuel rend le soutien par les pairs accessible à tous, quel que soit l’endroit où ils vivent. Dans de nombreuses régions rurales et éloignées de la Colombie-Britannique, les gens n’ont même pas accès à un endocrinologue et encore moins à des soins psychologiques spécialisés. La plateforme REACHOUT s’appuie sur la technologie et sur le soutien par les pairs pour venir en aide aux personnes et aux communautés mal desservies.

« Je suis devenu un pair aidant formé pour être connecté à une communauté du DT1. Je vis à l’intérieur de la Colombie-Britannique depuis 16 ans et, pendant cette période, je n’ai rencontré aucune autre personne atteinte de DT1 », déclare Allan Heel, de Vernon, en Colombie-Britannique, qui a reçu son diagnostic à l’âge de 25 ans et vit avec le DT1 depuis maintenant 32 ans.

« Cela m’a également aidé à avoir l’assurance que les difficultés que je connais en raison du DT1 ne sont pas uniques à moi et à pouvoir partager des idées sur la façon de les gérer. Je voulais également participer au programme pour parfaire mes connaissances sur la technologie, les médicaments et les traitements du diabète actuellement offerts ou en cours d’étude et potentiellement participer à des essais cliniques », poursuit-il.

« J’étais ravie de me joindre au programme REACHOUT pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il n’y a rien de tel que de communiquer avec une autre personne atteinte du diabète à mon rythme, individuellement ou en groupe, et de parler de nos expériences communes avec cette maladie qui peut en être une isolante. J’étais également enchantée de travailler avec la professeure Tricia Tang et son équipe. Ils sont passionnés et enthousiastes à l’idée d’aider les personnes atteintes de DT1 à prendre soin de leur santé mentale afin de favoriser leur santé globale et d’avoir une belle vie! Je me considère chanceuse d’avoir des personnes formidables dans mon coin, d’apporter un soutien à mes pairs et d’en recevoir de leur part », affirme Saffron Henderson, East Vancouver, qui a reçu son diagnostic à l’âge de 8 ans et vit avec le diabète de type 1 depuis maintenant 46 ans.

Apprenez-en plus sur le programme et la plateforme REACHOUT

Apprenez-en plus sur ces bourses ici.

FRDJ continuera de transmettre des mises à jour sur le programme et la plateforme REACHOUT, dans l’espoir qu’ils puissent être mis à l’essai dans d’autres provinces et éventuellement déployés partout au pays.

FRDJ et la Fondation pour la recherche en santé en Colombie-Britannique se réjouissent de poursuivre leur collaboration en partageant des priorités communes, comme contribuer à renforcer la capacité de recherche, à combler les lacunes stratégiques du système de santé et à optimiser les investissements dans les recherches en santé.

Sébastien Sasseville, ambassadeur de FRDJ, s’attaque à la course Race Across America dans la dernière des courses d’endurance

Sébastien a reçu le diagnostic de diabète de type 1 (DT1) en 2002. Il s’est alors promis que le DT1 ne l’empêcherait jamais de vivre pleinement sa vie, et il a tenu cette promesse. Depuis, Sébastien a traversé le Canada à la course à pied, a gravi le Mont Everest et a participé aux courses d’endurance parmi les plus difficiles sur la planète. Le 28 juin 2021, il a entrepris la traversée du Canada afin de promouvoir l’accès universel aux appareils pour le diabète pour toutes les Canadiennes et les Canadiens atteints de la maladie. En juin dernier, il s’est attaqué à la course Race Across America, RAAM, une course d’ultracyclisme d’un bout à l’autre des États-Unis reconnue comme étant la plus difficile au monde.

FRDJ a eu l’occasion de rencontrer Sébastien et de lui poser des questions sur son expérience à la course RAAM.

Qu’est-ce qui a motivé ta décision de faire cette course si peu de temps après avoir traversé le Canada?

« Lorsque je suis revenu de ma traversée du Canada, j’étais fatigué, mais heureux,et fier de ce que j’avais accompli. Il y a toujours une période de récupération et les douleurs font partie de l’aventure, avant, pendant et après. Juste un peu. Je n’aime pas souffrir plus que les autres, mais ce n’est pas là-dessus que je mets mon énergie. Ce sont plutôt les apprentissages, l’impact et l’épanouissement personnel qui m’attirent. Lorsqu’on l’envisage de ce point de vue, c’est difficile de ne pas continuer à faire ces choses.

La course RAAM est un parcours beaucoup plus exigeant, physiquement et mentalement. Les gens pensent plutôt au fait que ce parcours est plus court que la traversée du Canada, mais il est de loin plus exigeant. Il y a beaucoup d’ascension et le chronomètre roule, c’est une course contre la montre. Le contexte est différent. On a que 12 jours pour la terminer. Il n’y a aucune place à l’erreur. Il faut être sur son vélo 20 à 22 heures par jour, pendant 12 jours avec une à deux heures de sommeil. C’est l’événement de cyclisme extrême le plus difficile au monde.  »

Qu’est-ce qui a motivé ta décision de faire cette course si peu de temps après avoir traversé le Canada?

« Un impact énorme – un gros problème fut le manque de réception cellulaire, ce qui fut une surprise colossale. Nous nous attendions à des pertes de réception ici et là, mais toute la course se déroule dans des régions très éloignées. C’est une question de sécurité, alors on ne pédale pas sur les autoroutes, mais sur un parcours déjà tracé. On a passé des jours sans réception cellulaire, ou parfois très limitée. L’impact vient du fait que j’avais prévu de vérifier ma glycémie avec ma montre, et pour cela, j’avais besoin d’avoir accès à Internet. Je ne pouvais pas y accéder avec mon téléphone, alors mon équipe ne pouvait pas voir mes taux de glycémie en temps réel. Nous ne nous attendions pas à ne pas avoir accès à ces données. Et cela a eu un impact sur la façon de contrôler mon diabète.  

Pour être honnête, ce fut une grande source de frustration. Plusieurs personnes qui ne comprennent pas le DT1 croient que le simple fait d’avoir un glucomètre continu ou une pompe à insuline est suffisant. Et certaines personnes pensent qu’il doit en être autrement pour moi. Ils pensent que le diabète est plus facile pour moi parce que je participe à ces événements d’endurance. Je ne suis pas différent. Je suis comme tous les autres. Je fais face aux mêmes défis. Et je déteste cela parfois. J’essaie de l’accepter le plus possible. Mais je suis humain comme tous les autres. Si le diabète me ralentit, je me dis qu’ainsi vont ma vie et mon parcours. La maladie prend beaucoup de place dans la tête et dans le corps. Et son impact se fait sentir partout.

Le pharmacien qui était là-bas (à la course RAAM) est probablement celui qui comprenait le mieux. Il est venu me voir presque tous les jours pour me dire combien il trouvait cela incroyable que je participe à cette course tout en étant atteint de DT1. Bien que cela me réjouissait, c’était aussi un rappel que la plupart des gens n’en connaissent pas autant que lui sur la maladie et ne comprennent pas ce que nous devons traverser chacune des journées qui passe.

Mais je dois dire que la course s’est beaucoup mieux déroulée que celle de l’année dernière (la traversée du Canada). Nous avons beaucoup appris des expériences de l’année passée. Ces types de courses ne seront jamais faciles, alors il faut s’adapter.

Le diabète de type 1 est ce qui m’a ralenti le plus durant la course. Juste le fait d’être à la ligne de départ m’a rempli d’une immense fierté. Pour y participer, il faut se qualifier ou se faire inviter. J’étais le seul Canadien. Participer, participer à fond, et terminer 12e sur 33 personnes qui ont pris le départ est un très solide rendement. »

Comment décrirais-tu ton sport d’endurance tout en étant atteint de DT1 en utilisant une métaphore?

« J’entends plusieurs personnes dire, lorsqu’elles apprennent ce que je fais, que c’est tellement loin de leur réalité qu’il est difficile pour elles de se sentir concernées. Nous étions très conscients de cela l’année dernière lorsque nous avons commencé à chercher des commanditaires et du financement. Je me suis demandé comment relier ce projet au monde extérieur de la communauté du DT1, parce qu’il est tellement éloigné de l’expérience de la plupart des gens (vivre avec le diabète).

Mais pour moi, c’est un parallèle avec la gestion du diabète. Un cycliste et une équipe de 10 personnes qui travaillent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Il en est ainsi avec le DT1 : l’équipe soutient, et l’équipe prend toutes les décisions. Elle prépare le vélo et règle tous les problèmes. C’est vraiment un effort et un succès collectifs. On ne passera même pas une journée sans une équipe.

Je relie cela au fait que pour vivre avec le diabète, il faut vraiment avoir une communauté. Personne ne peut le faire complètement seul. »

Est-ce que tu envisages de continuer à participer à ces types d’événements d’endurance à haute intensité?

« Je ne prévois pas arrêter. Je ne demande pas à des gens qui jouent au golf s’ils ont l’intention d’arrêter. Ils aiment jouer au golf. Je suis conscient que ce mode de vie est inhabituel, mais je m’amuse beaucoup, j’apprends énormément et je m’épanouis. Je ne suis pas un chasseur d’adrénaline. Je ne sauterai pas d’un avion. Mais je vais continuer à participer à ces événements aussi longtemps que je le pourrai. Ces expériences sont très enrichissantes. Je l’ai fait au complet, mais au bout du compte, qu’on termine ou pas, c’est très valorisant. L’équipe devient une famille. Nous créons des liens très particuliers. Ce fut une expérience magique et très puissante. Alors j’ai l’intention de continuer à participer à ces types d’événements pendant encore longtemps. »

D’autres réflexions?

« On a besoin d’une guérison. Il y a des gens qui comme moi vivent bien avec le diabète, et nous devons continuer à vivre une vie remplie en attendant une guérison. Nous devons vivre dans le présent. Mais le fait est que c’est difficile de vivre avec. Et il y a de mauvais jours avec le diabète. Il m’a ralenti. J’en sais beaucoup sur le diabète de type 1 et l’exercice, c’est mon travail, et je m’assure de tout bien gérer. Mais malgré cela, j’ai des hauts et des bas. Je déteste cela parfois. Ma réalité est la même que celle des autres qui vivent avec cette maladie.

C’est pour cela que je suis un ambassadeur de FRDJ. Parce que je veux faire partie de la guérison. »

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