Nouvelles excitantes des essais cliniques de Vertex sur la thérapie à base de cellules souches

L’étude des thérapies à base de cellules souches constitue un domaine important de la recherche sur les traitements curatifs pour le DT1. L’objectif de cette approche est d’utiliser des cellules souches comme source renouvelable de cellules productrices d’insuline qui après avoir été transplantées, pourraient remplacer les cellules bêta qui sont détruites chez une personne atteinte de DT1, lui permettant ainsi de produire de nouveau de l’insuline. Cela permettrait de réduire ou d’éliminer la quantité d’insuline externe (par injections, stylo injecteur ou pompe) dont une personne atteinte de DT1 a besoin pendant des mois, voire des décennies.

Vertex mène actuellement deux essais cliniques sur une thérapie cellulaire pour le diabète de type 1 : le VX-880 (FORWARD) et le VX-264 (UPWARD). Il s’agit de deux essais cliniques de phases I et II, ce qui signifie qu’ils évaluent à la fois l’innocuité et l’efficacité du produit à base de cellules souches. Ces essais cliniques comportent trois parties:

  1. Partie A : un nombre restreint de participants reçoivent une « dose » partielle des cellules transplantées. La participation de ces personnes est échelonnée, c’est-à-dire que quelques mois s’écoulent avant la participation à l’essai clinique de chaque personne additionnelle afin d’assurer que la dose administrée à la personne précédente a été bien tolérée.
  2. Partie B : après avoir révisé les résultats de la partie A, un plus grand nombre de participants reçoivent la « dose » cible complète des cellules transplantées. Encore une fois, la participation des personnes est échelonnée.
  3. Partie C : après avoir révisé les résultats de la partie B, plus de participants reçoivent la « dose » cible complète des cellules transplantées. La participation des personnes n’est plus échelonnée et les doses sont administrées en même temps.

Essai clinique FORWARD sur le VX-880 de Vertex

Février 2021

Vertex a annoncé le lancement d’un essai clinique de phases I et II pour le VX-880, une thérapie dérivée de cellules souches pour les personnes atteintes de DT1. Le VX-880 est administré par perfusion dans la veine porte hépatique (foie) et nécessite l’utilisation d’un traitement immunosuppresseur chronique pour protéger les cellules contre le rejet ou l’attaque immunitaire. Le VX-880 est testé chez des personnes atteintes de DT1 qui subissent de graves épisodes d’hypoglycémie et dont la conscience de l’hypoglycémie est altérée.  

Octobre 2021 (partie A) :

Vertex a annoncé que le premier participant à l’essai clinique ayant reçu le VX-880 a maintenant besoin de 91 % moins d’insuline 90 jours après avoir reçu une perfusion de ces cellules souches, et ce, avec seulement la moitié de la dose cible. Le succès constaté avec seulement la moitié de la dose cible est encourageant, car il suggère qu’une quantité plus faible de cette thérapie peut encore donner des résultats positifs.

Juin 2023 (partie B) :  

Six patients ont reçu des doses complètes de VX-880 à des moments échelonnés au cours de la dernière année et demie. Avant le traitement, tous les patients présentaient un peptide C indétectable à jeun (c’est-à-dire l’absence d’insuline sécrétée automatiquement par le corps) et des antécédents d’épisodes récurrents d’hypoglycémie grave au cours de l’année précédant le traitement. La quantité requise d’insuline par jour était en moyenne de 34,0 unités.  

Après le traitement, les six patients sécrètent eux-mêmes de l’insuline, leur taux HbA1c s’est amélioré, le temps dans la cible avec surveillance du glucose en continu s’est accru et le besoin d’insuline exogène est moindre ou éliminé (c’est-à-dire l’insuline administrée de l’extérieur par stylo injecteur, pompe ou injections quotidiennes multiples). Les patients ayant été suivis pendant plus de 90 jours n’ont subi aucun épisode d’hypoglycémie grave. Deux des six patients ont terminé leur traitement depuis au moins 12 mois et sont actuellement insulino-indépendants avec des taux HbA1c « normaux » (≤6,0 %) et des niveaux de temps dans la cible supérieurs à 95 %.  

Le VX-880 a été bien toléré et n’a entraîné que des effets indésirables légers et modérés, tels que déshydratation, diarrhée, hypomagnésémie et éruption cutanée. 

Sur la base des résultats de ces données d’innocuité et d’efficacité dans la partie B, le comité indépendant d’examen des données a recommandé de passer à la partie C de l’essai clinique, laquelle permet d’administrer simultanément aux patients la dose cible complète de VX-880. Environ dix participants seront recrutés pour cette phase de l’essai clinique.

Juin 2024 (résultats des parties B et C) :

Vertex présente les résultats préliminaires du VX-880 : sur les 12 personnes ayant reçu les doses, presque toutes (11 sur 12), ont utilisé moins d’insuline exogène ou pas du tout (par pompe ou injections). Toutes les personnes ont atteint un taux HbA1C inférieur à 7,0 % et un temps dans la cible supérieur à 70 % avec surveillance du glucose en continu, en plus d’administrer moins d’insuline ou pas du tout. Aucun événement indésirable grave n’a été signalé. L’essai clinique élargit le recrutement à 37 participants afin de progresser vers le développement décisif. Le recrutement est en cours à Edmonton, Toronto, Montréal et Vancouver.

Essai clinique UPWARD sur le VX-264 de Vertex :

Ce traitement utilisera la même thérapie cellulaire que le VX-880, mais avec des cellules encapsulées dans un dispositif conçu pour protéger les cellules du système immunitaire du corps. Par conséquent, l’immunosuppression n’est pas prévue être nécessaire.

Août 2024 (partie A) :

Vertex a annoncé la fin de la partie A de l’essai clinique. Les résultats de ces participants sont prévus au début de 2025. Vertex a reçu l’autorisation d’amorcer la partie B de l’essai clinique et est actuellement en mode de recrutement et d’administration des doses aux participants. Le recrutement est en cours à Edmonton, Toronto et Vancouver.


Vertex s’associe à Lonza (Suisse) pour construire une installation de fabrication spécialisée dans les thérapies cellulaires pour le DT1 

En juin 2023, Vertex et Lonza ont annoncé leur association pour le développement du processus et la mise à l’échelle de la fabrication de la gamme des produits VX-880 et VX-264, ainsi que pour un investissement conjoint dans la construction d’une nouvelle installation spécialisée à cette fin à Portsmouth, au New Hampshire. Exploitée par Lonza, l’installation s’étendra sur plus de 130 000 pieds carrés et devrait créer jusqu’à 300 nouveaux emplois au maximum de sa capacité. Les travaux de construction devraient s’amorcer plus tard cette année. Pour plus d’informations, consultez le communiqué de presse complet ici (en anglais seulement).


De quelle manière le succès de ces essais cliniques est-il mesuré?

L’objectif principal d’un essai clinique de phases I et II est d’évaluer l’innocuité de même que l’efficacité du produit. L’innocuité et la tolérabilité sont évaluées par le nombre d’événements indésirables. L’efficacité est évaluée en mesurant les niveaux de peptide C (un marqueur qui indique directement la production d’insuline par les cellules bêta), le taux HbA1c (une mesure de la glycémie en moyenne sur une période de deux à trois mois) et la réduction d’épisodes d’hypoglycémie grave.

Le taux HbA1c sera également mesuré.

Le rôle de FRDJ

La participation de FRDJ dans ce domaine remonte à l’an 2000, lorsque Douglas Melton, Ph. D., a obtenu une subvention de FRDJ pour fabriquer des cellules bêta productrices d’insuline à partir de cellules souches, ce qu’il a fait en 2014.

Depuis :

  • En 2015, le docteur Melton a fondé Semma Therapeutics afin de transformer ces cellules souches en thérapies curatives pour le DT1.
  • En 2017, le Fonds DT1 de FRDJ (en anglais seulement) a fait un investissement important dans Semma.
  • En 2019, Vertex a fait l’acquisition de Semma pour près d’un milliard de dollars américains.
  • En mars 2021, le VX-880 a reçu la désignation de procédure accélérée de la Food and Drug Administration (FDA) américaine.

À l’échelle mondiale, FRDJ a accordé la priorité à la thérapie à base de cellules souches en tant que thérapie curative potentielle et continuera d’explorer et de financer les recherches les plus prometteuses.

Qu’est-ce que cela signifie pour les Canadiennes et les Canadiens atteints de DT1?

Pour que la thérapie cellulaire soit largement accessible aux personnes atteintes de DT1, le produit cellulaire doit être à la fois efficace et fonctionner sans ou avec une quantité minimale de traitements immunosuppresseurs. Le VX-880 a élargi le recrutement à 37 participants afin de progresser vers le développement décisif, ce qui représente un pas en avant vers une approbation possible pour la mise en marché. Le VX-264 en est toujours aux stades précoces d’essai clinique. Enfin, un autre produit est en cours de développement chez Vertex (pas encore au stade d’essai clinique) en partenariat avec CRISPR Therapeutics, lequel comprendra l’édition génomique.

FRDJ Canada continuera de surveiller les résultats et de fournir des mises à jour dès qu’elles seront rendues publiques.

Le premier essai de vaccin contre le virus Coxsackie B chez l’homme a produit des résultats positifs

Qu’est-ce que le virus Coxsackie B et quel est son rapport avec le diabète ?

FRDJ s’engage à financer les recherches les plus prometteuses pour trouver des traitements curatifs du diabète et mieux comprendre les mécanismes de la maladie. L’un des défis les plus importants pour prévenir ou traiter le diabète de type 1 (DT1) réside dans le fait que nous ne connaissons pas encore ses causes.

Certaines théories avancent qu’une infection virale pourrait être en partie responsable du déclenchement du DT1. Cela signifie qu’un virus banal peut déclencher une réponse auto-immune dans le corps qui entraîne la destruction des cellules bêta responsables de la production d’insuline. Il s’agit d’un morceau du puzzle général du DT1, avec certains biomarqueurs (que l’on peut dépister) rendant une personne plus susceptible d’avoir cette réponse auto-immune à cause d’un virus. Mais si nous pouvons empêcher le virus de se manifester en premier lieu, nous pourrons peut-être réduire le nombre de nouveaux diagnostics.

Le principal virus soupçonné d’être une cause potentielle du DT1 est le coxsackie B – une infection courante qui, dans la plupart des cas, est asymptomatique ou présente des symptômes légers. Dans de rares cas, elle peut entraîner une méningite virale, une infection du cœur ou du cerveau, ainsi que la maladie mains-pieds-bouche.

Un vaccin potentiel

Présentement, il n’existe pas de vaccin contre le coxsackie B. Cela dit, il y a un an, l’entreprise Provention Bio a commencé un essai clinique pour tester un vaccin qu’ils ont mis au point contre l’infection coxsackie. (Pour la version française – Veuillez prendre note que ces liens ne sont disponibles qu’en anglais).

Cet essai constituait la première étude sur l’homme d’un vaccin contre le coxsackie B, connu sous le nom de PRV-101, et les résultats intermédiaires sont positifs. Non seulement le vaccin a été bien toléré par les participants à l’essai (faible incidence d’effets secondaires), mais il a induit des concentrations élevées d’anticorps anti-coxsackie B – ce qui signifie que toute personne exposée au virus aurait les moyens de combattre l’infection avant qu’elle ne se manifeste et d’empêcher le déclenchement de la réponse auto-immune susceptible de provoquer le DT1.

Quel est le rôle de FRDJ dans la mise au point de ce vaccin ?

Depuis la fin des années 1970, FRDJ finance à l’échelle internationale la recherche visant à comprendre les virus qui peuvent mener au développement du DT1. Cette recherche a montré que plusieurs virus répandus peuvent attaquer les cellules des îlots de Langerhans et provoquer des symptômes ressemblant au diabète.

En 1994, FRDJ a financé une bourse postdoctorale pour Heikki Hyöty, M.D., Ph.D., qui travaillait dans le laboratoire de Michael Knip, M.D., Ph.D. Le titre du projet : « The Role of Coxsackie B and Other Enteroviruses in the Pathogenesis of Insulin-Dependent Diabetes Mellitus». Il a ensuite démontré que les entérovirus (dont le coxsackie B fait partie) sont les principaux responsables du développement du DT1.

Depuis cette découverte, FRDJ a financé le Dr Hyöty avec plus de 10 subventions et le Dr Knip avec plus de 20 subventions depuis 1997.

En 2001, Hyöty et Knip ont cofondé Vactech qui a mis au point le vaccin PRV-01 et en ont cédé le brevet à Provention Bio en 2017.

En 2017, Provention Bio a obtenu un financement des Fonds DT1 de FRDJ  pour faire avancer le vaccin contre le coxsackie B vers des essais cliniques, et ces essais ont commencé en décembre 2020.

Que signifie cette étude pour les personnes atteintes de DT1 ?

Les résultats publiés de cette étude étaient préliminaires ; les résultats définitifs arriveront en 2022. Si les résultats finaux restent prometteurs, la prochaine étape consistera à mettre le vaccin à la disposition de la population, idéalement pour réduire l’incidence des diagnostics de DT1 chez les enfants.

Il s’agit d’une très bonne nouvelle qui pourrait se révéler un outil incroyablement utile pour prévenir l’apparition du DT1 à l’aide d’un simple vaccin.