Tribune libre sur FRDJ Canada dans le Hill Times, 14 février 2024

OPINION :  Le Canada est en passe de guérir le diabète de type 1. Avec le soutien adéquat, nous pouvons y parvenir.

L’innovation en matière de recherche devient de plus en plus compétitive dans le monde post-pandémique et le Canada risque de perdre sa place.

On estime à 300 000 le nombre de Canadiens (en augmentation de 4,4 % par an) qui vivent avec le diabète de type 1 (DT1), une maladie auto-immune qui survient lorsque le pancréas ne peut pas produire suffisamment d’insuline pour l’organisme, ce qui provoque une augmentation du taux de sucre dans le sang. Jusqu’à ce qu’une thérapie de guérison soit découverte, les personnes atteintes de DT1 doivent surveiller leur glycémie tout le long de la journée et prendre plusieurs injections d’insuline pour survivre. Mais l’insuline n’est qu’un traitement, et les Canadiens atteints du DT1 présentent un risque élevé de complications lourdes, une qualité de vie moindre et une espérance de vie inférieure de 10 ans à celle de la population générale.

En matière de recherche sur le diabète, le Canada s’est toujours distingué sur la scène internationale. Depuis la découverte de l’insuline à Toronto en 1921, le Canada n’a cessé de réaliser des percées significatives dans la lutte contre le DT1, depuis la découverte des cellules souches en 1961 jusqu’à la mise au point du protocole d’Edmonton – une méthode de transplantation de cellules pancréatiques – en 1999.

En 2022, le gouvernement fédéral a publié le Cadre sur le diabète au Canada, qui souligne la nécessité de mieux reconnaître les personnes touchées par le diabète, de collaborer avec elles et de les soutenir. Le cadre fournit une orientation politique commune pour aider à harmoniser les efforts nationaux de lutte contre le diabète. Cependant, comme les rapports précédents, il reconnaît que le Canada ne dispose toujours pas des fonds nécessaires à la recherche sur le diabète et à la mise en pratique des découvertes. Le gouvernement fédéral a l’occasion de faire des investissements significatifs dans la recherche et de démontrer son leadership et son engagement en faveur d’un meilleur traitement et d’un meilleur soutien pour les personnes vivant avec le diabète.

Le Canada a le talent et la capacité de poursuivre son héritage de succès et peut être le lieu où les prochaines percées majeures dans les traitements du DT1 seront découvertes et commercialisées et amélioreront la vie des gens. Mais pour maintenir notre position de leader en matière de recherche et réduire l’immense pression exercée sur notre système de soins de santé par le DT1 et ses complications, il faut un investissement soutenu dans la recherche et l’innovation tout au long du pipeline. C’est pourquoi FRDJ recommande au gouvernement fédéral d’investir 50 millions de dollars sur cinq ans dans le Partenariat pour vaincre le diabète FRDJ-IRSC afin de financer des recherches translationnelles nouvelles et existantes sur le DT1 – de la découverte aux essais cliniques – afin d’améliorer les résultats pour la santé, de stimuler la commercialisation, de créer de bons emplois et de soutenir le secteur des sciences de la vie au Canada.

Financer la recherche translationnelle, c’est mettre les innovations sur le marché. Les investissements dans cet espace créent non seulement des emplois pour le personnel de recherche, le personnel hautement qualifié et les étudiants, mais permettent également de transformer les découvertes en entreprises. En l’absence d’incitations adéquates, les projets canadiens, et les chercheurs qui les soutiennent, pourraient choisir de se délocaliser dans d’autres pays offrant de meilleures opportunités. Le Canada se retrouve ainsi dans une situation où il lance des projets de recherche avec un investissement initial important, mais perd ensuite les bénéfices économiques qui découleraient de ses découvertes, ainsi que les bénéfices des nouveaux traitements dont les Canadiens ont besoin. En faisant passer efficacement les projets de recherche du stade du pipeline à celui de la commercialisation, le Canada peut montrer qu’il accorde de l’importance à l’innovation et qu’il peut être une destination pour attirer de nouveaux talents et de nouveaux investissements dans ce domaine.

En plus d’améliorer la vie des Canadiens atteints de DT1, la mise sur le marché de solutions innovantes apportera également des avantages à long terme aux gouvernements qui cherchent à réduire les coûts des soins de santé (qui, au Canada, s’élèvent à 27 milliards de dollars en raison du diabète). Les innovations dans la recherche sur le DT1 permettent de réduire les hospitalisations dues aux complications associées (notamment l’acidocétose diabétique, l’hypoglycémie, les maladies rénales et cardiovasculaires et les troubles de la santé mentale), ainsi que d’améliorer la qualité de vie et les résultats en matière de santé, réduisant ainsi l’absentéisme et le présentéisme liés au DT1 chez les Canadiens en âge de travailler.

Alors que la recherche mondiale nous rapproche de la guérison du DT1, nous ne pouvons pas nous permettre d’abandonner les progrès que nous avons réalisés au Canada. Il est essentiel que le gouvernement fournisse des sources de financement cohérentes et stables aux chercheurs canadiens pour qu’ils puissent lancer les prochains projets qui transformeront le paysage de la thérapie du DT1. Le Canada a découvert l’insuline. Le Canada a découvert les cellules souches et a été à l’origine du protocole d’Edmonton. Le Canada peut jouer un rôle de premier plan dans la découverte de thérapies de guérison.

– Dre Sarah Linklater, conseillère scientifique en chef chez FRDJ Canada

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